Critique Tu mourras à vingt ans d'Amjad Abu Alala

Publié le 15 février, 2020 | par @avscci

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Tu mourras à vingt ans d’Amjad Abu Alala

Il n’y a pas d’industrie du cinéma au Soudan et ce film est le huitième jamais produit dans un pays qui vient de connaître de grands bouleversements après trente ans de pouvoir islamiste. Son auteur, d’origine soudanaise, est né et a grandi à Dubaï et a reçu le prix du Meilleur premier film au Festival de Venise en septembre 2019. Il a commencé à être cinéphile en se passionnant pour l’œuvre de Youssef Chahine. Il a côtoyé Abbas Kiarostami. Son récit peut parler à toutes les civilisations : comment un être peut-il vivre quand une condamnation a été prononcée (ou imaginée) sur son berceau ? Dans les tragédies grecques, les contes de fées, la psychanalyse, la question est centrale. Ici, un devin soufiste a annoncé à ses parents que Mouzamil mourrait à vingt ans. Le père quitte rapidement le petit village, la mère élève seule l’enfant maudit. Celui-ci étudie consciencieusement le Coran, ose à peine tomber amoureux d’une voisine, est bouleversé dans ses certitudes par un personnage transgressif qui boit de l’alcool, fréquente une prostituée et surtout lui montre à l’aide d’un projecteur antédiluvien des images de cinéma ! Tout est à la fois élégant, maîtrisé, émouvant et délicat dans cette opera prima d’Amjad Abu Alala, qui a travaillé avec une équipe et une production internationale (soudanaise, française, libanaise, égyptienne, norvégienne, allemande…). Ses comédiens, amateurs et admirables, servent un récit complexe et séduisant de bout en bout. Sa confiance dans le cinéma est enthousiasmante.

René Marx

Film soudanais d’Amjad Abu Alala (2019), avec Mustafa Shehata, Islam Mubarak, Mahmoud Elsaraj, Bunna Khalid. 1h45




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