Terminator : Dark fate de Tim Miller

Était-il vraiment nécessaire de continuer à réaliser des suites à Terminator après un deuxième épisode conclusif pour le récit et définitif d’un point de vue artistique ? Depuis le Jugement dernier de 1991, James Cameron est parti explorer d’autres planètes et la saga Matrix a repris son idée d’une guerre entre hommes et machines, pour la développer de façon plus complexe et moderne.

Terminator : Dark Fate, sixième film de la franchise, se présente – au prix d’acrobaties narratives – comme une suite directe du deuxième opus et comme une réinvention : le film introduit une nouvelle héroïne, ainsi qu’une nouvelle menace… qui ressemble trait pour trait à la précédente. Difficile de faire du neuf avec du vieux. On joue avec les attentes du public (les premiers Terminator s’achevaient par une poursuite en camion suivie d’une bagarre dans une usine, celui-ci commence par ces deux scènes mais dans l’ordre inverse). On introduit aussi un peu de nouveauté, avec des scènes d’action aériennes et aquatiques, inédites dans la série mais moyennement réussies.

Dans ses meilleurs moments, Terminator : Dark Fate retrouve pourtant un peu de la hargne des films originaux, de ce sentiment d’urgence qui pousse les héros et héroïnes à unir leurs forces et à se battre jusqu’à l’épuisement contre une menace invincible. Dark Fate interpelle par ses références à l’actualité, au Mexique et à la politique migratoire américaine. Notre présent n’a jamais été aussi proche du futur décrit dans Terminator ou Robocop, avec une surveillance généralisée et des soldats augmentés, alternative crédible aux robots tueurs.

Le légendaire Arnold Schwarzenegger est ici peu présent : son personnage est comme lui passé à autre chose et doit être sorti de sa retraite. C’est l’occasion de donner la place qu’elles méritent aux personnages féminins, au nombre de trois, et d’évacuer le « complexe de la Vierge Marie » des épisodes précédents (l’héroïne qui n’a d’importance qu’au regard de l’enfant mâle qu’elle doit engendrer et éduquer). Trois femmes représentant les âges de la vie, trois corps différents : Dani, une adolescente (ou presque), qui s’affirme au fur et à mesure de l’histoire ; Grace, athlétique, grande mais jamais sexualisée contrairement au robot féminin de Terminator 3 ; et surtout le retour Sarah Connor et de son interprète Linda Hamilton, qui assume son âge (cheveux blancs et rides apparentes) et continue de s’approprier les accessoires de la masculinité guerrière (lunettes de soleil et lance-roquettes). Hamilton n’a sans doute jamais été une grande actrice mais elle est à coup sûr une icône.

Sylvain Angiboust

Film sino-américain de Tim Miller (2019), avec Linda Hamilton, Arnold Schwarzenegger, Mackenzie Davis. 2h08.