Critique La surface de réparation de Christophe Régin

Publié le 17 janvier, 2018 | par @avscci

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La Surface de réparation de Christophe Régin

Le football a rarement réussi aux cinéastes, sinon à Jean-Jacques Annaud dans Coup de tête (1979) ou Samuel Collardey dans Comme un lion (2013) parce qu’ils explorent les zones d’ombre de ce milieu interlope en coulisse duquel se déroulent de sordides trafics d’influence qui réduisent les joueurs à l’état de marchandise. Tel est aussi le parti pris en faveur duquel a opté Christophe Régin en réalisant son premier long métrage, dans la foulée de trois courts déjà consacrés au sport. Dans un contre-emploi radical qui lui donne l’occasion de confirmer l’étendue de son registre dramatique, entre Pattaya et Taxi 5, Franck Gastambide assume le risque de brouiller son image d’amuseur public, mais se tire comme un chef d’un rôle piège, face au trop rare Hippolyte Girardot qui a quant à lui indéniablement gagné en épaisseur et en densité avec l’âge. Lauréat du Valois du meilleur scénario au dernier festival d’Angoulême, le film excelle à décrire un univers fantasmé par les médias qui n’en retiennent généralement que l’écume. Il évite pourtant la tentation du misérabilisme et ne traite jamais ses protagonistes avec arrogance. Les uns comme les autres apparaissent simplement comme des pions sur un échiquier. Quant à leur libre-arbitre, il n’est qu’illusoire. Jusqu’à la fameuse Surface de réparation du titre qui applique un terme footballistique désignant l’espace situé devant le but depuis lequel on tire les penaltys à la rédemption à laquelle aspirent ces personnages écorchés par la vie.

Jean-Philippe Guerand

Film français de Christophe Régin (2017), avec Franck Gastambide, Alice Isaaz, Hippolyte Girardot. 1h34.

Critique en partenariat avec l’ESRA.




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