Critique Sunset de Laszlo Nemes

Publié le 23 mars, 2019 | par @avscci

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Sunset de László Nemes

Sunset est un récit pré-apocalyptique. En 1913, au dernier instant avant la chute de l’Empire, une jeune héritière déclassée de Budapest passe d’une relative innocence à l’expérience directe de l’injustice avant de côtoyer les prémices de la destruction. Elle évolue dans les milieux de la mode, au cœur d’une civilisation à l’apogée de son raffinement, une civilisation insouciante, sûre d’elle-même et de son immortalité. La jeune fille est anxieuse, hésitante et pourtant énergique, son passé est douloureux, son présent est fragile. Elle va rencontrer la violence et basculer peut-être. Le réalisateur du Fils de Saul est un artiste aux choix formels et narratifs très concertés. Il tourne sur pellicule, au format 1:85, cite ouvertement Murnau (Sunset répond à Sunrise) et à nouveau T.S.Eliot, utilise les décors réels de la Budapest d’aujourd’hui pour la recréer cent années plus tôt. Il suit une actrice assez extraordinaire avec le même point de vue très particulier qui ne quittait jamais Géza Röhrig dans son implacable séjour en enfer dans Le Fils de Saul. Son film est troublant, sophistiqué. Tout ce qui ressort du décor est inventif, spectaculaire. Mais l’admiration qu’on avait eue pour le premier film devient ici l’observation assez froide d’un pari formel en marche, d’un propos politico-prophétique trop transparent et qui ne nous apprend pas grand-chose. On regrette que le procédé formel bouleversant du Fils de Saul revienne ici, mais insistant, répétitif. Étrange déception, étrange conviction : celle que Nemes peut trébucher dans ce deuxième film sans cesser d’être un grand cinéaste.

René Marx

Film hongrois de László Nemes (2018), avec Juli Jakab, Vlad Ivanov, Eveline Dobos. 2h21.




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