Critique Plaire, aimer et courir vite de Christophe Honoré

Publié le 11 mai, 2018 | par @avscci

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Plaire, aimer et courir vite de Christophe Honoré

C’est le seul déséquilibre de ce beau film. Vincent Lacoste incarne avec tant de force une jeunesse lucide, généreuse, ambitieuse, vitale, qu’il finirait par éclipser le talent de ses partenaires, pourtant remarquables. 2018 peignant 1993 (« une époque non-révolue » dit le cinéaste). Christophe Honoré contant ses débuts d’amoureux et d’artiste. Le sida et la mort combattus sans illusion par les malades, leurs amis, leurs amants. Honoré filme vraiment, ne cherche pas à faire court, mène jusqu’au bout de longs dialogues de mots ou de caresses avec énergie et raffinement. La mise en avant du personnage de Lacoste (déjà Prix d’interprétation 2018 ?) tient tristement à l’éloignement de ses partenaires condamnés, Deladonchamps joue l’écrivain qui mourra bientôt, Podalydès le journaliste mélancolique et endeuillé. Ces deux comédiens brillants interprètent des hommes qui s’effacent déjà dans le passé, quand le jeune Arthur, toujours à leurs côtés pourtant, s’envole déjà vers l’avenir et la réussite de qui ne meurt pas. Et Honoré place d’autres personnages faussement secondaires, l’autre amant, l’ex qui meurt, la fille qui reste l’amie, l’enfant, sa mère, compagne de voyage, les Bretons et les Parisiens. Sans oublier Truffaut, Laffin, Tondelli, Koltès, les musiciens, les dragueurs, les rêveurs, le parc du Thabor, les grilles du Luxembourg, les bords de la Seine, le théâtre, tous évoqués avec légèreté, sans une faute de goût. Un film qui, sorti du tourbillon de Cannes, s’enrichira avec le temps et les visions successives.

René Marx

Film français de Christophe Honoré (2018), avec Pierre Deladonchamps, Vincent Lacoste, Denis Podalydès. 2h12.

Critique en partenariat avec l’ESRA.




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