Critique Pauvre Georges de Claire Devers

Publié le 3 juillet, 2019 | par @avscci

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Pauvre Georges ! de Claire Devers

Étrange carrière que celle de Claire Devers. Avec son premier long métrage, Noir et Blanc, tiré d’une nouvelle de Tennessee Wiliams, elle fait sensation au festival de Cannes 1986 où elle obtient la Caméra d’or grâce à ce qui est en fait son film de fin d’études à l’Idhec. Par la suite, ni Chimère (1989), ni Max & Jérémie (1992), ni Les Marins perdus (2003) ne confirmeront les espoirs qu’elle a suscités et c’est grâce à Arte qu’elle connaîtra ses plus belles satisfactions. Avec Pauvre Georges !, qu’elle a écrit avec Jean-Louis BENOÎT, elle dresse un état des lieux du système éducatif occidental. Et même si le film se déroule dans les Laurentides québécoises, il nous renvoie à nos chères études avec un grand à-propos. Un prof idéaliste cerné de collègues désabusés recueille un gamin livré à lui-même qu’il espère sauver par le savoir. La qualité du film réside dans sa folie douce qui passe pour Claire DEVERS par des digressions incessantes. Elle s’attache pour cela à une galerie de personnages dont les certitudes hâbleuses masquent mal la vulnérabilité existentielle assumée. De la sœur nymphomane campée par Pascale Arbillot au prof misanthrope incarné par Stéphane De Groodt, en passant par l’épouse protectrice qu’interprète Monia Chokri (dont on peut découvrir simultanément le premier long métrage en tant que réalisatrice, La Femme de mon frère), Claire Devers dépeint avec une cruauté matinée de tendresse une humanité en passe de perdre sa dernière boussole fiable : l’éducation.

Jean-Philippe Guerand 

Film franco-canadien de Claire Devers (2019), avec Grégory Gadebois, Monia Chokri, Pascale Arbillot. 1h53.




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