Critique Parvana une enfance en Afghanistan de Nora Twomey

Publié le 2 juillet, 2018 | par @avscci

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Parvana, une enfance en Afghanistan de Nora Twomey

C’est à un véritable numéro de haute voltige que s’est livrée la réalisatrice irlandaise Nora Twomey (en tandem avec son compatriote Tomm Moore sur Brendan et le secret de Kells, en 2009) en prenant pour cadre de son premier long métrage d’animation en solo un pays en guerre, en l’occurrence l’Afghanistan sous le joug de la charia imposée par les talibans. Elle a choisi pour cela de s’attacher à une gamine de onze ans qui suit tous les jours son écrivain public de père au marché, avant de se résoudre à transgresser sous l’apparence d’un garçon la loi qui interdit aux filles de s’exhiber en public. Le défi de ce film subtil évoque celui de Wadjda de la réalisatrice saoudienne Haifaa Al Mansour dont le retentissement international a été tel qu’il a conduit les mentalités à évoluer et a incité son pays à se doter d’une industrie cinématographique et d’un réseau d’exploitation. Parvana, une enfance en Afghanistan n’évite aucun des pièges induits par son sujet et revêt les atours du film politique engagé pour atteindre à une portée universelle, non seulement à travers la dénonciation de l’intolérance en général, mais aussi du statut réservé aux femmes en particulier. La cinéaste a recours pour cela à un graphisme qui évoque certaines enluminures orientales et pare son propos d’une esthétique envoûtante. Au-delà de son message nécessaire et courageux, ce conte cruel et merveilleux s’adresse aux adultes et aux enfants en misant sur la puissance d’évocation spécifique au septième art.

Jean-Philippe Guerand

The Breadwinner. Film américano-canado-irlando-luxembourgo-égyptien de Nora Twomey (2017), avec Saara Chaudry, Soma Bhatia, Ali Kazmi. 1h34.

Critique en partenariat avec l’ESRA.




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