Critique Miracle à Santa Anna de Spike Lee

Publié le 6 septembre, 2018 | par @avscci

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Miracle à Santa Anna de Spike Lee

Curieux film que ce Miracle à Santa Anna, et curieux destin que le sien. Présenté au Festival de Deauville il y a exactement dix ans, le film ne sort en salle qu’aujourd’hui (il était disponible en vidéo). La faute à une mésentente entre Spike Lee et le distributeur français, TF1. La faute à de mauvaises critiques. La faute sans doute à la longueur du film et à son incapacité à viser dans une seule direction, prenant le risque de déboussoler une partie du public. La sortie récente de Blackkklansman n’est probablement pas pour rien dans son arrivée (tardive) sur les écrans français. Le film se déroule en un long flash-back pendant la seconde guerre mondiale, et met en scène un groupe de soldats noirs pendant la campagne d’Italie. Adapté d’un roman (très documenté et basé sur un certain nombre de faits réels) de James McBride, le film possède d’irréfutables parfums de vérité.  Les scènes de combat sont souvent remarquables, et la façon dont Spike Lee décrit les relations ambiguës entre les soldats américains et la population italienne ne l’est pas moins. Il n’est pas interdit en revanche d’avoir des réserves sur l’aspect très militant (et manichéen) du film concernant la façon dont les soldats noirs ont servi de chair à canon (il y a sans doute un fond de vrai, même si les historiens ne sont pas consensuels sur la question) ou sur l’aspect christique qui n’est pas exempt de lourdeurs. Mais le sentiment général est tout de même celui d’un film courageux, atypique, souvent impressionnant. Une curiosité : la similitude entre le film de Spike Lee et Indigènes, réalisé un an plus tôt par Rachid Bouchareb (mais après que le roman de McBride soit paru). C’est la même structure temporelle, le même lumière projetée sur un groupe de soldats issus des minorités visibles (comme on dit), marginalisés par leurs supérieurs… Le film de Bouchareb est sans doute moins éparpillé, mais les deux films ont évidemment le mérite de s’être attaqué à des sujets forts. Historiquement. Dramatiquement.

Yves Alion

Miracle at Santa Anna. Film italo-américain de Spike Lee (2008), avec Laz Alonzo, Derek Luke, Omar Benson Miller. 2h 40.

Critique en partenariat avec l’ESRA.




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