Critique Lola vers la mer de Laurent Micheli

Publié le 8 janvier, 2020 | par @avscci

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Lola vers la mer de Laurent Micheli

Étonnante énergie que celle du cinéma belge qui révèle de nouveaux talents à flux continu, à l’instar du deuxième long métrage de Laurent Micheli après Even Lovers Get the Blues (2016). Le réalisateur y applique les codes inhérents au road movie aux retrouvailles douloureuses d’un père avec sa fille transgenre qui exécutent la promesse faite à leur épouse et mère morte d’aller disperser ses cendres dans la Mer du Nord. Ce périple est d’autant plus chaotique que ces deux personnages devenus étrangers l’un à l’autre sont séparés par un abîme vertigineux. Lola vers la mer est l’un des films les plus justes jamais consacrés à l’identité sexuelle et surtout à l’incompréhension et aux réactions extrêmes qu’elle suscite de la part d’une société encore inapte à en cerner les véritables enjeux et à admettre la souffrance qui souvent va de pair. Troublante coïncidence que ce film soit originaire du même pays que Girl de Lukas Dhont. La démarche de Laurent Micheli est toutefois davantage centrée sur la prise de conscience d’un père irresponsable, que campe avec sa subtilité coutumière l’excellent Benoît Magimel, par rapport à une situation qui lui échappe tellement qu’elle en arrive à le rendre attendrissant. Il a pourtant affaire à une nature impressionnante en la personne de Mya Bollaers qui ne se contente pas de tenir un rôle délicat, mais le pare d’une palette d’émotions beaucoup plus vaste dont elle se tire avec un naturel confondant. Difficile de rester insensible à ce film généreux et sensible qui réussit la gageure d’atteindre à l’universel en empruntant des chemins de traverse.

Jean-Philippe Guerand

Film belge de Laurent Micheli (2019), avec Mya Bollaers, Benoît Magimel, Samir Outalbali 1h28.




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