Critique Le Collier Rouge de Jean Becker

Publié le 27 mars, 2018 | par @avscci

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Le Collier rouge de Jean Becker

Le rythme particulier de la carrière de Jean Becker restera sans doute dans les annales : quatre longs métrages dans les années 60, 17 ans de pause, un triomphe : L’Eté meurtrier, 12 ans d’interruption, puis neuf longs métrages en l’espace de 19 ans ! Aujourd’hui octogénaire, le fils de Jacques Becker semble ne jamais devoir s’arrêter. Ses films ne sont pas toujours inoubliables, mais peuvent se prévaloir d’un métier certain. Ainsi ce Collier rouge dont l’action se déroule en 1919, au lendemain de la Première guerre mondiale. Qui met face à face deux hommes dans une relation dialectique : le premier est un ancien soldat, indéniablement courageux, mais peu enclin à valider toutes les bêtises de ses supérieurs, le second un juge militaire. Quel que soit la force des (rares) scènes de tranchées, quel que soit l’émotion dispensées par les scènes d’amour entre le séduisant rebelle et sa dulcinée (interprétée par l’énigmatique Sophie Verbeek, découverte dans A trois on y va), l’intérêt principal du film réside naturellement dans l’évolution des rapports entre les deux hommes, que tout sépare a priori. Plus que la relation entre les deux personnages du Juge et l’Assassin (de Tavernier), marquée par une certaine perversité, nous pensons à ce qui liait l’aristo et le fils du peuple (Fresnay et Gabin) dans La Grande Illusion, également situé pendant la guerre de 14. Pour constater que les contradictions sociales peuvent parfois se diluer dans un humanisme de bon aloi. Même si Becker semble à cet égard plus positif, en tous cas moins inquiet que ne l’était le signataire de La Règle du jeu. C’est peut-être la faiblesse du film (par ailleurs d’une grande sagesse sur le plan de la mise en scène), une certaine façon de ne pas laisser les plaies à vif. Le nœud du film est à cet égard exemplaire, qui tourne autour du chien du prisonnier (qui lui reste d’une fidélité émouvante), l’animal étant au cœur du scandale (dont nous ne dirons rien) sur lequel l’intrigue est bâtie. Et dont la révélation nous laisse bien froids…

Yves Alion

Film français de Jean Becker (2017), avec François Cluzet, Nicolas Duvauchelle, Sophie Verbeeck. 1h 23.

Critique en partenariat avec l’ESRA.




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