Critique Le Château de Cagliostro de Hayao Miyazaki

Publié le 26 janvier, 2019 | par @avscci

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Le Château de Cagliostro de Hayao Miyazaki

Les aléas de distribution ont parfois du bon, notamment quand ils permettent comme en ce début d’année 2019 la sortie inopinée d’un nouveau film d’Hayao Miyazaki sur les écrans français ! Et si c’est quarante ans après sa sortie originelle au Japon, qu’importe, on ne boudera pas son plaisir de découvrir enfin en salle le tout premier long métrage du maître japonais, Le Château de Cagliostro. D’autant que sous ce nom mystérieux se dissimule une aventure du petit-fils d’Arsène Lupin, l’élégant cambrioleur créé au début du XXème siècle par Maurice Leblanc, et qui fait l’objet depuis les années 60 d’une adaptation en série animée, pour laquelle travailla justement Miyazaki.

Tout aussi gentleman que son ancêtre, le personnage vit à l’époque contemporaine du film, la fin des années 70, et s’appelle Wolf, pour des raisons de droits. Flanqué d’un assistant qui ne le ménage pas et d’un samouraï virtuose, il combat une étonnante figure du mal, dirigeant d’une petite principauté indépendante (aux faux airs de Monaco, à vrai dire). Faux-monnayeur à temps complet, cet odieux individu tient les gouvernements du monde entier sous sa coupe, et a décidé d’épouser malgré elle l’héritière légitime du royaume, dans le but de mettre la main sur le formidable trésor de sa famille.

Film d’action et d’aventure trépidant et irrévérencieux, bourré d’humour et de charme, Le Château de Cagliostro ne se prend jamais au sérieux. Comme souvent avec Miyazaki, on est frappé par la modernité du propos autant que par la fluidité et la précision de l’animation. De courses poursuites en combats à mains nues, de cascades aériennes en gadgets plus astucieux les uns que les autres, le film ne ménage pas ses effets pour plonger les spectateurs, petits et grands, dans un grand spectacle coloré et joyeux où l’autodérision règne en maître. Entre le policier obligé de collaborer avec son ennemi, la voleuse hors pair qui se transforme en véritable membre de commando et les politiciens (véreux) qui refusent d’enquêter sur le puissant faux-monnayeur, le film propose également une savoureuse galerie de personnages secondaires qui étoffent habilement le récit. On est enfin surpris de découvrir des moments ouvertement politiques, qui eux non plus n’ont pas vieilli. En bref, le film est un bonheur absolu pour tous les publics, et découvre une autre facette, plus proche de son travail dans la série Sherlock Holmes, du réalisateur mondialement reconnu pour son sens de la poésie et de l’extraordinaire.

Marie-Pauline Mollaret

Rupan sansei: Kariosutoro no shiro. Film d’animation japonais de Hayao Miyazaki (1979) avec les voix de Yasuo Yamada, Eiko Masuyama, Kiyoshi Kobayashi. 1h40

Critique en partenariat avec l’ESRA.




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