Critique La Prière de Cédric Kahn

Publié le 21 mars, 2018 | par @avscci

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La Prière de Cédric Kahn

Cédric Kahn ne se lasse pas de nous raconter des destins singuliers. Après Vie sauvage, qui nous attachait aux pas d’un homme ayant pris le maquis pour ne pas devoir rendre ses fils à son ex-compagne après leur divorce, La Prière s’intéresse aux efforts d’un ex-toxico pour se sortir de son addiction. Efforts qui ne vont pas sans mal, comme on a pu récemment s’en persuader concernant les deux jeunes femmes de La fête est finie. Mais contrairement au film de Marie Garel-Weiss, le personnage central ne dérive pas ici à hue et à dia pour trouver le chemin de la rédemption. Comme le titre le laisse supposer, c’est en effet dans le cadre d’une communauté religieuse qu’il cherche à rompre avec ses démons. Le premier atout du film, c’est la prestation d’Anthony Bajon, qui jamais ne semble jouer pour incarner cette force butée que l’on devine pleine de fissures. Nous ne sommes pas loin de celle de Rod Paradot dans La Tête haute, d’Emmanuelle Bercot. Le comédien n’est pas très connu (il le deviendra), et cela faisait partie du projet. Le réalisateur tenait visiblement à ce que le relatif anonymat des comédiens apporte un surplus de réalisme (le film prend parfois des teintes documentaires). Une exception : c’est à Hannah Schygulla, incarnation de tout un pan du cinéma allemand que le rôle de Sœur Myriam a été confié, ajoutant sans doute au caractère fantasmé du personnage. Mais au-delà de l’itinéraire cabossé de son personnage central, de ses relations aux autres et de sa capacité de résilience, le film pose évidemment quelques questions sur la foi. Cédric Kahn, qui se veut agnostique (et qui n’a jamais non plus été toxico) a manifestement été fasciné par le mystère de la foi, par cette tranquille assurance de ceux qui croient. Et quelles que soient les rebuffades de ses personnages, il donne manifestement quitus à ceux qui expliquent le monde par l’inexplicable. Pourquoi pas ?

Yves Alion

Film français de Cédric Kahn (2017), avec Anthony Bajon, Damien Chapelle, Alex Brendemühl, Hannah Schygulla. 1h47.

Critique en partenariat avec l’ESRA.




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