Critique La lutte des classes de Michel Leclerc

Publié le 2 avril, 2019 | par @avscci

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La Lutte des classes de Michel Leclerc

Un joli titre pour un joli film. Car La Lutte des classes se déroule à l’école. Et plus précisément à Bagnolet, où Michel Leclerc et sa compagne (qui est aussi sa coscénariste, son inspiratrice, sa muse, son alter-ego) Baya Kasmi ont longtemps résidé avant de rejoindre Paris. Le couple du film, que composent Leila Bekhti et Edouard Baer effectue le chemin inverse. Mais la question que pose le film reste la même : « Peut-on mettre son enfant à l’école publique s’il se retrouve le seul « blanc » de la classe » ? Exprimée de cette façon, la question est évidemment hautement inflammable, et semble émaner des rangs les plus xénophobes de la population. Ce qui n’est évidemment pas le cas de Michel Leclerc, qui est toute évidence un homme de cette gauche humaniste qui semble aujourd’hui se déliter quelque peu dans un air du temps grimaçant. Mais la question n’en reste pas moins, qui n’appelle pas de réponse simple et immédiate. Les auteurs du film avouent leurs contradictions (mais les seuls qui n’en aient pas sont ceux qui gardent de la tendresse pour le régime sud-africain de l’apartheid) et en profitent pour redoubler de fantaisie et de générosité. Deux qualités dont les films de Michel Leclerc n’ont jamais été avares. Parce que si le sujet est grave, le film revendique d’être une comédie, une comédie enlevée, pétillante, un peu foutraque, et c’est parfait ainsi. La Lutte des classes exprime un véritable amour des gens, et pourquoi pas une foi indestructible en leur capacité de trouver les moyens de franchir les montagnes que la vie dresse parfois devant eux. Il n’est qu’à voir cette femme voilée qui (après avoir ôté son voile) parvient à grimper sur la façade de l’école pour sauver des vies. Les effets spéciaux sont transparents, comme la volonté des auteurs de prôner le vivre ensemble. Depuis que Michel Leclerc est apparu dans le paysage cinématographique (son second film, Le Nom des gens, reste une balise), il y tient une place singulière, nous offrant des films mal coiffés, un rien artisanaux, plein de générosité, qui ne ressemblent pas aux autres. Et qui nous sont indispensables…

Yves Alion

Film français de Michel Leclerc (2019), avec Edouard Baer, Leila Bekhti, Ramzy Bedia. 1H43.




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