Critique La familia de Gustavo RONDÓN CÓRDOVA

Publié le 10 avril, 2019 | par @avscci

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La familia de Gustavo Rondón Córdova

Quand un pays souffre, le cinéma invente le néo-réalisme. Ou le réinvente. La tragédie vénézuélienne contraint l’économie des tournages, oblige le fou qui veut encore faire du cinéma à réinventer un style pour rendre compte de la catastrophe. En 2015, à Venise, Lorenzo Vigas avait remporté le Lion d’Or pour ses Amants de Caracas, un premier film. Né en 1977, son compatriote Rondón Córdova, a eu lui aussi, pour ses débuts dans le long métrage, la reconnaissance des festivals (Biarritz,  Karlovy Vary,  la Semaine de la Critique). Du Voleur de bicyclette, demeure aujourd’hui la rencontre d’un père et d’un fils dans un monde de destruction. S’y ajoute la violence extrême des rues de Caracas, où les enfants tuent, où la Mafia terrorise, où la survie est la seule question. Tourné évidemment à la sauvage, ce film nous attrape par la peau du cou. Il nous traîne dans les rues d’une ville qui redeviendra peut-être un jour un lieu de vie, un endroit où on pourra déambuler calmement, en regardant sans crainte autour de soi. Cette façon de tourner, comme chez De Sica, oblige à montrer la ville en même temps que les personnages. Le paysage urbain, scruté par le cinéaste, n’existe qu’en arrière-plan, mais avec intensité. Comme chez De Sica, l’absence de la mère coïncide avec la douceur perdue, le père étant présent pour sauver ce qui est encore possible, malgré sa propre faiblesse. Sauver le regard et la lucidité, ce qui reste.

René Marx

Film vénézuélien de Gustavo Rondón Córdova (2017), avec Giovanny Garcia, Reggie Reyes, Kirvin Barrios. Indira Jiménez. 1h22.




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