Critique Désobéissance de Sebastian Lelio

Publié le 18 juin, 2018 | par @avscci

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Désobéissance de Sebastian Lelio

Le premier film américain du Chilien Sebastian Lelio est une belle réussite. Ce qui n’étonnera pas vraiment ceux qui ont goûté les films précédents de ce cinéaste dont on n’a manifestement pas fini d’entendre parler. Désobéissance s’attaque à tous les tabous, qui s’intéresse à la passion amoureuse qui lie deux femmes. Mais l’une est mariée, à un juif orthodoxe qui plus est. C’est peu dire dans ces conditions que le sentiment dominant est de marcher en permanence sur des œufs. Le film aurait pu ressembler à un bras d’honneur, bravant une morale qui peut nous sembler désuète. Il a l’élégance de n’en rien faire. Au contraire, le mari cocu se montre compréhensif, prouvant que son amour pour sa femme est au-dessus de son désir de ne pas perdre la face devant les siens, voire devant son Dieu. Un autre écueil aurait été de foncer tête la première dans un mélo échevelé. Or le film reste à l’inverse très tenu, ce qui ne veut pas dire qu’il ne soit pas gorgé d’émotion et même de sensualité. En termes d’amours saphiques, nous sommes loin des débordements charnels de La Vie d’Adèle, mais nous ne nous approchons pas non plus de l’imagerie très distanciée (et magnifique) de Carol. Ce juste milieu permet aux personnages d’exister, et de former un trio amoureux que le cinéma et la littérature ne nous ont pas si souvent présenté. Un reproche néanmoins : les interminables retournements de la fin donnent le sentiment que les auteurs cherchent à faire les malins alors qu’il aurait suffi de laisser les deux femmes à leur destin…

Yves Alion

Disobedience. Film américain de Sebastian Lelio (2018), avec Rachel Weisz, Rachel McAdams, Allessandro Nivola. 1h54.

Critique en partenariat avec l’ESRA.




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