Critique Camille de Boris Iojkine

Publié le 8 novembre, 2019 | par @avscci

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Camille de Boris Lojkine

En 2014, la photographe française Camille Lepage est tombée dans une embuscade alors qu’elle réalisait un reportage sur la guerre civile en République Centrafricaine. Sa mort à 26 ans peine toujours, cinq ans plus tard, à provoquer une vraie réponse judiciaire. Et le pays n’a pas retrouvé la paix, loin de là. Les derniers mois de la vie de Camille Lepage sont reconstitués par Boris Lojkine pour son deuxième film de fiction après Hope, déjà tourné en Afrique et deux documentaires sur la mémoire de la guerre du Vietnam. Tourné à Bangui et en province, avec la participation d’acteurs, de figurants et de techniciens centrafricains, illustré abondamment par les photos de Camille Lepage, Camille est un film de fiction, porté par la lumineuse interprétation de Nina Meurisse. Mais il serre de si près une réalité extrêmement proche dans le temps, il est si intimement lié à l’espace et aux paysages que la jeune photographe a parcourus, qu’il crée une émotion mêlée de lucidité, d’immédiateté. La décision du réalisateur de tourner in situ produit l’effet (toutes proportions gardées) que produisait Rome ville ouverte, mis en scène là où les faits s’étaient déroulés, avec ceux qui les avaient vécus de près. La détermination, le courage, d’une journaliste indépendante, donnant toute sa valeur au beau mot de free-lance sont célébrés dans un récit contrasté, complexe, où l’analyse géopolitique n’est jamais imposée au spectateur. La finesse politique du film, évidente, n’étouffe jamais la mise en scène des sentiments, des solidarités, des amitiés tourmentées nouées sur place par la protagoniste. Voilà une preuve de plus de la vitalité du cinéma français, n’en déplaise à certains bilieux.

René Marx

Film français de Boris Lojkine (2019), avec Nina Meurisse, Fiacre Bindala , Bruno Todeschini, Grégoire Colin. 1h30




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