Critique Boy erased de Joel Edgerton

Publié le 26 mars, 2019 | par @avscci

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Boy Erased de Joel Edgerton

Lucas Hedges devient malgré lui un préposé aux emplois de fils “indignes”. D’une addiction à l’autre, il n’y a qu’un pas que franchit sans allégresse cet acteur subtil révélé par sa prestation dans Manchester by the Sea (2016). Après l’avoir quitté en proie à plusieurs addictions dans Ben is Back de Peter Hedges (son propre père), où il avait pour mère Julia Roberts, on le retrouve dans Boy Erased en homosexuel envoyé en cure de reconversion par ses parents (Nicole Kidman et Russell Crowe en pasteur rigoriste). Un sujet qui fait écho à celui d’un autre film récent, Come as you Are, qui s’attachait déjà à ces institutions chargées de “soigner” l’homosexualité comme une déviance, dans une Amérique en proie à un puritanisme maladif. Tel est le sujet qu’a choisi le comédien Joel Edgerton (vu dans Midnight Special et Loving de Jeff Nichols) pour son deuxième long métrage. En portant à l’écran ce récit autobiographique de Garrard Conley, il se l’approprie et inscrit délibérément son propos dans une longue lignée de films dénonçant la chape écrasante qui pèse sur les mœurs aux États-Unis et certaines thérapies de groupe. Le metteur en scène se garde toutefois de pratiquer une quelconque surenchère émotionnelle à partir d’une thématique qui lui inspire subtilité et délicatesse. Il mène cette croisade humaniste sans autre effet de style qu’une dominante chromatique froide et traite son aspect sentimental sans accabler de façon péremptoire ses protagonistes, quelle que soit leur position.

Jean-Philippe Guerand 

Film américain de Joel Edgerton (2018), avec Lucas Hedges, Nicole Kidman, Russell Crowe. 1h55.




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