Critique Au bout du monde de Kiyoshi Kurosawa

Publié le 8 novembre, 2019 | par @avscci

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Au bout du monde de Kiyoshi Kurosawa

Le film part d’une proposition officielle : célébrer les 25 ans des relations diplomatiques entre le Japon et l’Ouzbékistan. Il y a des points de départ plus sexys… Heureusement c’est Kiyoshi Kurosawa qui prend l’affaire en main. Il s’éloigne pour cette fois du fantastique, des fantômes, du suspense criminel. Et réussit encore à charmer, poétique, drôle, de plus en plus libre. Une journaliste un peu coincée est lâchée avec son équipe hésitante dans les rues de Tachkent, sur les places sublimes de Samarcande, dans les montagnes déconcertantes de Zaamin. Elle a peur de tout, ne comprend rien à ce qu’elle voit (vous parlez ouzbek, vous ?) et se rend compte lentement que c’est en se perdant dans l’inconnu qu’elle reconnaît l’unicité du monde. L’humanité est partout et elle ne l’avait pas prévu. En baladant son héroïne, sa caméra et sa fantaisie, Kurosawa semble découvrir, en même temps que son actrice et son public, des poissons extraordinaires (mais qui n’existent pas) dans un lac lointain, une chèvre attendrissante, une curieuse façon de faire cuire le riz, une chanson de Piaf, des attractions foraines assez pourries et véritablement charmantes. Et des Ouzbeks bizarres et inquiétants qui se révèlent régulièrement à cette Tokyoïte égarée de très aimables et sympathiques échantillons d’humanité. On ne s’ennuie pas une seconde dans cette balade délicieuse, menée avec ce qu’il faut d’inquiétude et de doutes, par un cinéaste qui promène son talent sur la route de la Soie.

René Marx

Film japonais et ouzbek de Kiyoshi Kurosawa (2019), avec Atsuko Maeda, Ryo Kase, Shota Sometani. 2h.




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