Critique Affiche Arctic de Joe Penna

Publié le 6 juin, 2019 | par @avscci

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Arctic de Joe Penna

Présenté à Cannes dans le cadre des Séances de Minuit, le film montre le destin hors du commun d’un homme esseulé, sans cesse brimé par une atmosphère froide et antagonique. Aucune information n’est donnée sur le héros, excepté le fait qu’il survit dans un avion après un accident. Joe Penna peigne la vie haute en couleur d’un homme qui, même quand il est amené à recueillir une femme blessée,  va graduellement surmonter les obstacles qui se dressent devant lui comme des montagnes. Le cinéaste danois parvient à toujours isoler Overgard dans le cadre,

Rendant sa solitude de plus en plus visible et palpable. Il montre l’incommunicabilité croissante à laquelle est confronté Overgard, mis en lumière par les vaines fusées de détresse qu’il lance dans les airs en guise d’ultime espoir. Et même quand il pourrait parler (avec la femme qu’il recueille), cela le lui est impossible tant elle est diminuée. Mad Mikkelsen (qui a perdu huit kilos pour le rôle) campe un homme droit doté d’une foi impénétrable, d’un courage inébranlable, avec l’intime conviction qu’il atteindra, au-delà des pics enneigés, la mort que lui propose cette nature polaire.

Tourné en Islande, le film est à la hauteur des ambitions annoncées tant les images, signées Tómas Örn Tómasson, donnent chair au récit et à ce corps non humain et pourtant si vivant. Joe Penna reconstitue de façon réaliste la faune et la flore, toutes deux indomptables, brutes et sauvages, à des années-lumière de toute forme de civilisation. Il orchestre la grandeur d’un milieu hostile, qui se manifeste par des tempêtes, une brume opaque, un horizon blanc et vide. Et surtout, il parvient à faire oublier totalement au spectateur ses repères spatio-temporels, en l’immergeant dans une histoire accaparante qui nous coupe le souffle pendant plus d’une heure et demie.

Aymeric de Tarlé

Film danois de Joe Penna (2018), avec Mads Mikkelsen, Maria Thelma Smaradottir, Tintrinai Thikhasuk. 1h37.

Critique en partenariat avec l’ESRA.




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