Critique Adoration de Fabrice du Welz

Publié le 3 février, 2020 | par @avscci

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Adoration de Fabrice Du Welz

« …extase amoureuse et extrême souffrance. Chez Du Welz, l’amour est dévoration, une pulsion associée à la couleur rouge et aux flammes… » écrivait Sylvain Angiboust dans L’Avant-Scène Cinéma d’octobre 2019 à propos de ce cinéaste belge né en 1972 et qui propose aujourd’hui son huitième film. Il y suit l’amour perdu d’avance d’un très jeune garçon pour une très jeune fille folle, qu’il a aidée à s’échapper dans des circonstances sanglantes de l’institution où elle était enfermée. Ils traversent la forêt des Ardennes comme on traverserait les jungles d’Apocalyspe Now. Du Welz est romantique, pas à la manière de la collection Harlequin mais à la façon de Novalis et Hölderlin. Il pousse à l’extrême l’enfermement de ces enfants perdus dans un amour fatal, mortel et suit la piste des Amants de la nuit, sans être jamais sentimental. Ses jeunes acteurs sont magnifiques et l’irruption de Benoit Pelvoorde, qui la joue modeste et se plie à l’univers du cinéaste sans exhibitionnisme n’est pas la seule troublante rencontre de cette belle et triste errance adolescente. Le travail de Manuel Decosse, qui était déjà le chef opérateur de Du Welz pour Alleluia en 2014, suit avec élégance les égarements de l’amour aveugle et innocent. Dès 1782, Goethe avait prévenu les petits garçons trop amoureux :  « …ne vois-tu pas là-bas les filles du Roi des Aulnes dans ce lieu sombre ? »

René Marx

Film belgo-francais de Fabrice Du Welz (2019), avec Thomas Gioria, Fantine Harduin, Benoît Pelvoorde. 1h38.




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