Critique Adam de Maryam Touzani

Publié le 3 février, 2020 | par @avscci

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Adam de Maryam Touzani

Pour son premier long métrage en tant que réalisatrice, la comédienne Maryam Touzani (qui tenait le premier rôle dans Razzia de Nabil Ayouch) porte un regard bienveillant mais jamais angélique sur les mères célibataires au Maroc, et plus largement sur la condition des femmes dans son pays. De son personnage principal, Samia, on saura peu de choses, si ce n’est qu’elle a fui son village natal et la maison de ses parents pour cacher sa grossesse, scandaleuse car survenue hors mariage. La belle idée du film est de mettre sur la route de Samia une femme plus âgée, veuve avec une petite fille, avec laquelle va se tisser une relation fragile et ténue qui se cristallise dans leur amour commun pour la cuisine. Maryam Touzani s’attache ainsi à l’intimité de ce foyer recomposé, qui est comme un cocon protecteur au cœur de la Médina. En son sein, tout devient possible, même une utopie familiale libérée des carcans imposés par la société.

Si le récit et ses péripéties peuvent parfois sembler classiques, ou convenus, c’est la mise en place de cette forme de sororité complice qui intéresse la réalisatrice, lui permettant de brosser le portrait sensible de femmes qui, malgré l’adversité, prennent leur destin en mains, mais aussi de démontrer qu’il existe d’autres manières de “faire société”, moins pyramidales et plus épanouies. Sa fin, volontairement très ouverte, laisse d’ailleurs le personnage de Samia entièrement libre de ses choix, comme pour anticiper le changement de mentalités qu’elle appelle implicitement de ses vœux.

Marie-Pauline Mollaret

Film marocain de Maryam Touzani (2019) Avec Lubna Azabal, Nisrin Erradi, Douae Belkhaouda… 1h40




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