Critique Affiche de HHhH de Cedric Jimenez

Publié le 9 juin, 2017 | par @avscci

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HHhH de Cédric Jimenez

HHhH est un titre un peu énigmatique. Il faut comprendre Himmlers Hirn heißt Heydrich, soit Le cerveau d’Himmler s’appelle Heydrich. Mais quand on le sait, on ne peut que reconnaître que le film tient intégralement dans cette phrase. Pour son troisième long métrage, Cédric Jimenez a choisi en effet de se pencher sur le destin de Reinhard Heydrich, nazi implacable dont le nom est attaché à nombre d’exactions du sinistre régime. C’est à Prague (dont il était le « protecteur ») qu’il a été assassiné en 1942. Une page majeure et passionnante de l’Histoire de la seconde guerre mondiale, Heydrich étant le plus haut dignitaire nazi jamais éliminé par la Résistance. Le film se divise en deux parties : la première illustre l’irrésistible ascension de cette ordure humaine (pardonnez-moi, mes mots ont dépassé ma pensée, je retire mot humaine), qui s’avère avoir aussi peu de rectitude vis-à-vis de ses proches que de mansuétude à l’égard des ennemis du Reich ; la seconde s’intéresse davantage au complot des résistants tchécoslovaques venant de Londres et aux suites de l’assassinat (le village de Lidice est rasé et les habitants massacrés ou déportés, les auteurs de l’attentat et leurs complices sont abattus ou poussés au suicide). Le film n’est pas le premier à se pencher sur le cas Heydrich. Dès 1943, deux films américains (signés par des cinéastes d’origine allemande) le vouent aux gémonies : Les bourreaux meurent aussi, de Fritz Lang et Hitler’s mad man, de Douglas Sirk. D’autres prendront le relai. Mais Jimenez est sans doute le premier à proposer une approche aussi globale et aussi ambitieuse du personnage. La gageure était évidemment de trouver la bonne distance pour aborder le sujet. Rien à redire à cet égard, le comédien ne donnant aucun signe d’une humanité quelconque. La crédibilité de la reconstitution historique était également en question. Mais Jimenez n’a pas manqué de moyens et il a su trouver des solutions de mise en scène pour colmater quelques brèches. Si l’on ajoute que Jason Clarke, qui incarne le dignitaire nazi (qui à l’inverse d’Himmler, son supérieur, avait toutes des caractéristiques de la « race supérieure »), est plus que crédible et que les faits historiques semblent avoir été respectés (la difficulté était plutôt de choisir dans l’immensité des possibilités qu’offrait le sujet), on ne pourra que conclure que le film est mieux que recommandable…

Yves Alion

Film français de Cédric Jimenez (2016), avec Jason Clarke, Rosamund Pike, Jack O’Connell. 2h.

Critique en partenariat avec l’ESRA.




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