Critique

Publié le 2 décembre, 2022 | par @avscci

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Cow d’Andrea Arnold

Le documentaire fait souvent figure d’exutoire pour certains cinéastes de fiction. Réalisatrice engagée, la britannique Andrea Arnold distille à travers ses films une vision plutôt âpre de l’humanité qui va de Red Road (2006) à American Honey (2016). Elle s’attache dans Cow au destin au fond assez méconnu de ces bovins dont le lait finit dans nos verres, la viande dans nos assiettes et le cuir dans nos vêtements. Elle jette son dévolu pour cela sur un élevage à la pointe du progrès où la souffrance animale semble avoir été réduite à sa plus simple expression. Les traites s’y déroulent en musique et les éleveurs qui s’activent entre l’étable et les prairies affichent un look moderne de nature à rassurer. On en deviendrait presque carnassier par empathie pour ce bétail choyé dans le meilleur des mondes. Sa réalisatrice n’a besoin d’aucune voix off pour nous guider à travers ce monde idyllique dont la vache laitière Luma apparaît en reine d’un jour promise à un funeste destin. Reste que les derniers plans de son film et le silence qui les accompagne projettent une ombre écrasante sur les images parfois idylliques qui les ont précédées. À l’image de son titre lapidaire, Cow est un film définitif et fulgurant qui ne prend rétrospectivement tout son sens qu’à la fin, sans grand discours ni images d’archive pour nous convaincre de notre inhumanité fondamentale. Nul besoin d’être végétarien ou végétalien pour se montrer réceptif à son message profondément humaniste. Ce film ne prétend pas apporter de réponse à une question existentielle. Il se contente juste d’entrebâiller une porte…

Jean-Philippe Guerand

Film documentaire britannique d’Andrea Arnold (2021). 1h34.




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