Critique

Publié le 13 mars, 2024 | par @avscci

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Comme un fils de Nicolas Boukhrief

Nicolas Boukhrief a dix films à son compteur, ce n’est pas rien. Et c’est peu dire que son éclectisme le conduit à explorer à chaque fois des terres vraiment nouvelles. Souvent avec brio. Le Convoyeur, Made in France, La Confession, Trois Jours et une vie nous avaient en leur temps particulièrement séduit. Comme un fils se range sans conteste à leur niveau pour nous raconter l’histoire d’une rencontre entre un prof en fin de carrière, seul et désabusé et un jeune rom pour qui la vie n’a pas toujours été tendre. Après un premier contact des plus rudes (le premier chope le second en train de voler dans une épicerie), c’est peu à peu à un passage de relai auquel nous assistons. Nous ne pouvons pas nous empêcher de penser à Truffaut qui s’était passionné pour son Enfant sauvage. Le jeune rom se nomme d’ailleurs également Victor… Mais la présence de Vincent Lindon évoque également Welcome, le superbe film de Philippe Lioret, où notre homme campait un maître-nageur (lui aussi solitaire et paumé) venant en aide à un jeune immigré. On notera au passage l’extrême soin avec lequel Lindon choisit ses rôles, veillant manifestement à ce que ses films racontent des choses sur la confusion de nos sociétés repues et refermées sur elles-mêmes. Mais Comme un fils est naturellement, malgré sa noirceur, porteur d’espoir. L’espoir d’une société plus généreuse bien sûr. Le film n’est pas pour autant le plaidoyer un peu simplet que pourraient laisser entrevoir les lignes qui précèdent. C’est d’abord le tableau d’une belle rencontre, improbable et douloureuse, portée par des comédiens absolument impeccables.

Yves Alion

Film français de Nicolas Boukhrief (2023), avec Vincent Lindon, Karole Rocher, Stefan Virgil Stoica. 1h42.




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