Critique Citoyens du monde de Gianni di Gregorio

Publié le 26 août, 2020 | par @avscci

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Citoyens du monde de Gianni di Gregorio

Trois amis de longue date décident d’aller prendre leur retraite ensemble, mais hésitent encore sur leur pays d’adoption. Ces sexagénaires romains pétris d’habitudes se voient déjà allongés sur une plage avec le soleil pour témoin. Mais il leur faut d’abord en finir avec leur quotidien douillet et tous ces petits tracas qui se sont accumulés au fil de leurs vies banales, ne serait-ce qu’en vendant tout ce qui mérite de l’être, de façon à profiter au mieux de leurs vieux jours en terre étrangère. Cette comédie italienne délibérément jubilatoire est signée par un expert en la matière, Gianni di Gregorio, qui excelle à se mettre en scène sans complaisance, mais avec une lucidité pas toujours dénuée de cruauté qui donnait déjà une saveur particulière à ses trois opus précédents, d’exquise mémoire : Le Déjeuner du 15 août (2008), Gianni et les Femmes (2010) et Bons à rien (2014). Le macho méditerranéen en prend pour son grade, sans qu’on éprouve autre chose que de la tendresse pour ce trio de bras cassés confrontés à un défi qui ne semble pas vraiment à leur portée : la retraite dans le cadre trompeur d’une Union Européenne sans frontières (c’était avant le Brexit et la Covid-19). Cette fable ironique propose aussi une formidable réflexion sur le poids des habitudes qui met en évidence les leurres tentateurs de la mondialisation et prend au regard des événements récents une saveur toute particulière. Il émane de ces conversations animées entre machos bon teint une chaleur humaine qui nous envahit, comme si les protagonistes de cette chronique dénuée de toute amertume nous prenaient nous aussi par la main pour nous demander d’entrer dans leur folie douce.

Jean-Philippe Guerand

Cittadini del mondo Film italien de Gianni di Gregorio (2020), avec Gianni di Gregorio, Ennio Fantastichini, Giorgio Colangeli 1h31. Sortie le 26 août.




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