Critique Cigare au miel de Kamir Aïnouz

Publié le 3 octobre, 2021 | par @avscci

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Cigare au miel de Kamir Aïnouz

Cocoonée dans une famille berbère, cossue et laïque de la banlieue chic, en 1993, Selma, 17 ans, se trouve confrontée aux problèmes de son âge. Jusqu’au moment où son insouciance est ternie par la montée du fondamentalisme dans son Algérie natale et une scission entre ses parents. Kamir Aïnouz n’est autre que la demi-sœur du cinéaste brésilien Karim Aïnouz. Elle s’attache dans son premier film à cet âge des possibles qui caractérise la fin de l’adolescence, avec toutes les problématiques que cela suppose. Cigare au miel propose par ailleurs une réflexion identitaire à travers la vie facile de cette jeune fille qui résiste au patriarcat en revendiquant sa liberté, mais va devoir assumer ses origines, quitte à se mettre en danger en sortant de sa bulle. La réalisatrice s’est choisie comme porte-parole une comédienne absolument formidable qui n’est autre que la nièce d’Isabelle Adjani : Zoé Adjani-Vallat, également issue d’une famille partagée entre deux cultures. En choisissant pour protagoniste une jeune bourgeoise plutôt favorisée, elle met aussi en scène la notion d’exil et de déracinement avec ce besoin concomitant de se mettre en paix avec ses origines qui coïncide souvent avec l’entrée dans l’âge adulte. Selma a beau se sentir comme un poisson dans l’eau parmi la bourgeoise parisienne, elle va voir ses certitudes ébranlées par des événements dramatiques lointains et les dégâts collatéraux qui minent la complicité entre ses parents, superbement incarnés par Amira Casar et Lyes Salem. Comme si les fracas du monde restaient soumis au fameux pouvoir d’un battement d’ailes de papillon.

Jean-Philippe Guerand

Film franco-belgo-algérien de Kamir Aïnouz (2020), avec Zoé Adjani-Vallat, Amira Casar, Lyes Salem. 1h40.




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