Critique

Publié le 18 mars, 2024 | par @avscci

0

Chroniques de Téhéran d’Ali Asgari et Alireza Khatami

Le moindre signe artistique en provenance d’Iran revêt une ampleur particulière. On connaît le sort réservé par le régime des Mollahs à ses plus grands cinéastes : de ceux réduits au silence, condamnés ou emprisonnés comme Mohammed Rasoulof, Jafar Panahi ou Saeed Roustaee au glorieux aîné Dariush Mehrjui victime d’un prétendu crime crapuleux. C’est donc avec d’autant plus d’intérêt qu’on a découvert à Cannes le fruit de l’association de deux représentants de la nouvelle génération, Ali Asgari et Alireza Khatami. Un film à sketches qui illustre diverses situations de la vie quotidienne d’un peuple confronté à la fois à une administration au fonctionnement kafaïen et à des règles se réclamant d’impératifs religieux à géométrie variable. Le tout sous la surveillance rapprochée et omniprésente des gardiens de la révolution, police politique chargée de réguler les mœurs et de prévenir toute rébellion, aussi intime soit-elle. C’est dire combien il a fallu de ruses et de stratagèmes aux réalisateurs pour tourner clandestinement sept jours durant ces chroniques dont l’assemblage reflète sans doute avec une grande justesse le monde absurde jusqu’au tragique dans lequel évoluent les Iraniens. La critique est certes absurde, mais elle passe à la fois par un humour corrosif qui évoque certaines comédies de l’âge d’or italien, tout en s’appuyant sur des situations prosaïques. Le titre original, Terrestrial Verses (Versets terrestres), est lui une allusion directe à celui du livre de Salman Rushdie Les versets sataniques qui a valu à l’écrivain une fatwa de la part de l’ayatollah Khomeini.

Jean-Philippe Guerand

Ayeh haye zamini. Film iranien d’Ali Asgari et Alireza Khatami (2023), avec Majid Salehi, Sadaf Asgari, Gohar Kheirandish. 1h17.




Back to Top ↑