Critique Chained de Yaron Shani

Publié le 16 juillet, 2020 | par @avscci

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Chained de Yaron Shani

Rashi, policier à Tel Aviv, se fait une très haute idée de son métier. Alors quand il surprend des adolescents de milieu aisé en train de pique-niquer sur une pelouse dont on lui a signalé qu’ils pourraient être en possession de substances illicites, il les traite comme sa propre fille de treize ans lorsqu’elle pose pour une séance photo en adoptant des poses suggestives. Sous prétexte de les protéger d’eux-mêmes, mais surtout parce qu’il condamne leur comportement. Or, cette rigueur n’est pas du goût de leurs parents qui lancent la police des polices à ses trousses afin de le mettre au pas. Commence pour le fonctionnaire intègre mais à cheval sur la morale un véritable calvaire. Du réalisateur israélien Yaron Shani, on connaissait surtout jusqu’à présent la formidable fresque urbaine Ajami qu’il avait tournée à quatre mains avec son confrère Scandar Copti et qui leur avait valu l’Antigone d’or du Festival de Montpellier en 2009. Chained est le premier volet d’un diptyque dont le second pan, Beloved, sort le 15 juillet. C’est la fuite en avant d’un homme arc-bouté sur ses certitudes qui n’a pas vu le monde évoluer autour de lui et va payer cet aveuglément au prix fort. Une étude de mœurs filmée au scalpel qui s’appuie à la fois sur un réalisme social très marqué et une direction d’acteurs impressionnante. Shani filme ses personnages au plus près et s’attarde autant sur les visages que sur les corps, même s’il choisit de flouter les sexes, comme il est d’usage dans certains documentaires. En dépit de son pessimisme assumé, Chained est une réflexion aiguë sur la condition humaine dont le personnage principal ne fait rien pour attirer la pitié, ni même la sympathie, enchaîné qu’il l’est à ses grands principes battus en brèche par son entourage.

Jean-Philippe Guerand

Eynayim Sheli. Film israélien de Yaron Shani (2019), avec Eran Naim, Stav Almagor, Stav Patai 1h52. 




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