Critique

Publié le 23 janvier, 2024 | par @avscci

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Captives d’Arnaud des Pallières

Il y a trois ans, Mélanie Laurent exhumait dans Le Bal des folles un événement emblématique de la situation de la psychiatrie en France, à travers une fête annuelle organisée à l’hôpital de la Salpétrière. Un événement d’autant plus emblématique qu’il mettait en évidence le fonctionnement général des asiles d’aliénés à la fin du XIXe siècle et l’état de la condition féminine de l’époque, à travers le sort réservé à des mères, des filles, des orphelines, des sœurs et des épouses victimes d’internement abusifs dans une société patriarcale où tout semblait permis. Une situation également évoquée par Alice Winocour dans son premier long métrage, Augustine, en 2012, à travers la personnalité du docteur Charcot et ses travaux sur l’hystérie. Dans Captives, Arnaud des Pallières raconte l’immersion d’une femme à la recherche de sa mère en 1894 dont la rumeur affirme qu’elle aurait été enfermée malgré elle dans cet établissement qui nettoie la société de ses brebis galeuses en leur infligeant tous les sévices. Avec ce point d’orgue que constitue cet ultime bal des folles postérieur à la disparition de Charcot où la bonne société s’encanaille le temps d’un soir avec ces parias dépossédés de leur identité au point de ne pas pouvoir faire état des conditions inhumaines dans lesquelles ils perdent le peu de raison qui leur reste. Le film est servi par la qualité de son interprétation, la fluidité de sa mise en scène qui évite d’aligner les numéros d’actrices et une recherche chromatique due au chef opérateur David Chizallet qui contribue à instaurer une atmosphère étrange mais jamais glauque.

Jean-Philippe Guerand

Film français d’Arnaud des Pallières (2023), avec Mélanie Thierry, Josiane Balasko, Marina Foïs, Yolande Moreau, Carole Bouquet. 1h50.




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