Critique Candyman de Nia da Costa

Publié le 1 octobre, 2021 | par @avscci

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Candyman de Nia Da Costa

Le mot remake est clairement à la mode, puisque ce nouveau Candyman est bel et bien une suite, reprenant les pistes et personnages du film originel presque trois décennies plus tard. Mais il est vrai que l’idée est sans doute de balayer ainsi le souvenir des suites officielles du film de Bernard Rose, guère à la hauteur. Candyman était un grand film d’horreur sur le concept même de la légende urbaine, ses suites furent des récits classiques de croque-mitaine. Le nouveau roi de l’horreur, Jordan Peele, s’empare donc en tant que producteur du sujet pour tenter de relever le niveau. Et, aidé par la cinéaste Nia Da Costa, il fait exactement ce que l’on attendait, en surexploitant le sous-texte politique, sociologique, du premier opus. Le ghetto de l’action original est ainsi devenu un lieu gentrifié, dans  lequel un jeune peintre afro-américain va découvrir la réalité des horreurs cachées dues aux violences racistes. La découverte du candyman devient alors la découverte de ses propres racines, au sens historique et personnel, des générations de sévices sans justice infligées à la communauté afro-américaine. Ce propos est bien amené, intelligent et construit. Il se développe par contre aux dépens du genre. Candyman est ainsi une œuvre étrangement sèche en émotion, aux mécanismes horrifiques rouillés et peu convaincus, n’intéressant sans doute que peu la cinéaste. Le résultat est à cet égard assez représentatif de l’approche de Peele, si préoccupé (à juste titre) de l’utilisation du genre comme arme politique, qu’il en oublie parfois la nature et l’essence de ce genre.

Pierre-Simon Gutman

Film américain de Nia Da Costa (2020), avec Yahya Abdul-Mateen II, Teyonah Parris, Colman Domingo. 1h31.




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