Critique

Publié le 13 novembre, 2023 | par @avscci

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Ça tourne à Séoul ! Cobweb de Kim Jee-won

Moins célèbre en France que Bong Joon-ho, Lee Chang-dong ou Hong Sangsoo, le cinéaste coréen Kim Jee-won est pourtant l’auteur de dix longs métrages depuis 1998, dont J’ai rencontré le diable est sans doute le plus connu ici. Un certain nombre de ces films ressortent le 15 novembre sur les écrans en version 4K. Son sens de la parodie l’a fait toucher au thriller, au film d’épouvante, au western, et il l’a décliné en 2021 dans les six épisodes de la série Dr. Brain. Baroque, excessif, Kim s’attaque dans Ça tourne à Séoul au « film dans le film » ou plus précisément au récit de tournage. Le metteur en scène tourmenté qui croit enfin tenir son chef-d’œuvre est interprété par Song Kang-Ho, la star qu’on a vu récemment dans Parasite et dans Les Bonnes Etoiles. Ce réalisateur imaginaire des années 70 (cest l’époque de la dictature de Park Chung-hee) croit pouvoir sauver un film quelconque par le plan-séquence de sa vie, qu’il exige de tourner en faisant revenir l’équipe sur le plateau quand tout semblait bouclé. Du fantasme auteuriste du personnage à une productrice inquiète, d’une censure sourcilleuse à des acteurs perturbés, l’entreprise devient de plus en plus délirante et l’accumulation de séquences foldingues et très spectaculaires est sans doute impressionnante. Le doute permanent du protagoniste sur sa capacité à être un « grand cinéaste », son rapport tordu au grand maître qui la initié, le propos est clair : « Quest-ce quun film, quest-ce que « réussir un film » ? » Lambition est là, la mise en place du projet a un côté monumental souvent séduisant. L’autoportrait parodique est un genre auquel peu de cinéastes osent s’attaquer. Dans le rôle principal, Song Kang-ho s’en donne à cœur joie. Mais on perd vite le fil. Kim Jee-won n’est ni Fellini ni Blake Edwards. On a la sensation qu’il empile les morceaux de bravoure pour la joie de les empiler et il devient de plus en difficile à suivre dans cet énorme jeu de construction, brillant et un peu vide.

René Marx

Film coréen de Kim Jee-won (2023), avec Song Kang-ho, Im Soo-jeong, Oh Jung-se. 2h13.




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