Critique

Publié le 31 octobre, 2022 | par @avscci

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Bowling Saturne de Patricia Mazuy

Les films de Patricia Mazuy ne se ressemblent pas nécessairement, mais ils ont en tous cas en commun de nous sortir de notre confort. Bowling Saturne est à cet égard particulièrement dérangeant, qui nous baigne dans un malaise permanent, percé ça et là par des éclats de violence. A travers la rivalité de deux frères, dont l’un est flic et l’autre cultive sa marginalité avec une certaine ostentation, Bowling Saturne s’interroge, nous interroge sur le masculin et ses éventuels débordements. La réalisatrice, Patricia Mazuy semble à la fois horrifiée et un rien fascinée par la gente masculine, qui mêle de façon désordonnée et même incontrôlable les pulsions les plus généreuses et une violence latente qui se déchaîne sans crier gare. On sent que la cinéaste est à fleur de peau, que ce film touche à son intimité plus que tout autre et que ce n’est sans doute pas par hasard si le rôle du jeune frère, celui par qui le malheur arrive, est incarné par son propre fils. Le décor, la lumière, la mise en scène sont à l’unisson pour nous emmener ailleurs, aux antipodes du réalisme quotidien, y compris quand une soirée entre chasseurs ou les gestes d’une relation amoureuse nous ramènent à des images plus conventionnelles. Au final, on ne peut pas dire que l’on sorte de ce film rassénéré, au contraire. Mais Bowling Saturne fait incontestablement partie de ces films qui nous trottent longtemps dans la tête, nous incitant à poser bien des questions auxquelles il est difficile d’apporter des réponses…

Yves Alion

Film français de Patricia Mazuy (2022), avec Arieh WorthalterAchille ReggianiY Lan Lucas. 1h54.




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