Critique Billie Holiday, une affaire d'état de Lee Daniels

Publié le 2 juin, 2021 | par @avscci

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Billie Holiday, une affaire d’État de Lee Daniels

Sidney Furie nous avait offert un premier biopic de « Lady Day » en 1972, avec Diana Ross (qui à l’époque n’avait que 28 ans) dans le rôle-titre. Un film de quelque ampleur (près de deux heures et demie) qui ne lésinait pas sur ce qu’il donnait à voir et… à entendre. Mais les puristes avaient un peu tiqué sur ce que le film disait de la diva, dont l’existence n’a jamais tant s’en faut été semée de pétales de roses. Près de cinquante ans plus tard, le film de Lee Daniels n’est pas moins ambitieux, qui montre sans rechigner toutes les blessures de cette femme abandonnée, violée, prostituée et droguée qui reste par ailleurs l’une des plus grandes chanteuses de jazz et de blues qui soit. Mais le titre du film indique quel angle a été choisi pour dépeindre son existence : « Les Etats-Unis contre Billie Holiday » est de fait une mise en lumière du harcèlement effectué par la police envers l’artiste tout au long de sa vie. On lui reprochait d’être droguée, et elle l’était. Mais c’est avant tout d’être l’interprète de Strange Fruit qui l’a vouée à toutes les gémonies. Une chanson admirable et courageuse exprimant son dégout pour une certaine Amérique, celle du Klu Klux Klan et de ses sympathisants. Et comme l’on sait, Edgar Hoover, le patron du FBI, avait tendance à pourchasser ceux qui portaient des idées de gauche plus volontiers que les mafieux… Quelques mois seulement après Seberg, reflet de l’acharnement de la Police fédérale à l’égard de la comédienne, sympathisante des Black Panthers, cette Affaire d’Etat est une pièce supplémentaire dans un dossier décidemment à charge…

Yves Alion

The United States VS Billie Holiday. Film américain de Lee Daniels (2021), avec Andra Day, Trevante Rhodes, Garrett Hedlund, Natasha Lyonne. 2h10.




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