Critique

Publié le 2 décembre, 2022 | par @avscci

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Annie Colère de Blandine Lenoir

Il y a des sujets dans l’air du temps. Tout juste sept semaines après Simone, le voyage du siècle, et un an après l’adaptation par Audrey Diwan de L’Evénement d’Annie Ernaux, Blandine Lenoir traite de la lutte menée en 1974 par des femmes mais aussi des hommes de bonne volonté bercés d’illusions post-soixante-huitardes qui ont organisé un véritable réseau d’avortements clandestins afin de pallier une inadaptation criante de la législation en la matière. C’est cette croisade silencieuse que décrit Annie colère. Les militants que met en scène ce film généreux sont dépeints comme d’authentiques résistants qui ont pris le maquis pour venir en aide à leurs semblables afin d’accélérer une évolution des mœurs devenue irréversible. Avec pour figure de proue Laure Calamy qui s’impose par son évidence en mère au foyer soucieuse de laisser à sa fille un monde meilleur que celui dans lequel elle a vécu. Ce portrait de groupe convivial situé il y a près d’un demi-siècle projette sur notre époque un autre éclairage et permet de mesurer le chemin parcouru dans le domaine des mœurs. Derrière son militantisme mâtiné d’idéalisme, affleure un combat si lointain et pourtant si proche qui reflète avec une grande justesse cette société française sur laquelle le temps des grandes réformes sociétales semblait s’être figé. C’est parce qu’il adopte le point de vue des gens les plus ordinaires et assume ses bonnes intentions que ce film nous transporte en un temps pas si lointain où des femmes risquaient leur vie en refusant de la donner, parce que l’État se dérobait devant ses responsabilités.

Jean-Philippe Guerand

Film français de Blandine Lenoir (2022), avec Laure Calamy, Zita Hanrot, India Hair, Rosemary Standley. 1h59.




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