Critique

Publié le 6 octobre, 2022 | par @avscci

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Anima bella de Dario Albertini

Dans la campagne autour de Rome, près de Civitavecchia, une jeune fille (une « belle âme » comme l’indique le titre) vit avec son père de l’élevage des moutons. Vie très modeste, rythmée par des pratiques religieuses traditionnelles, processions, fontaine miraculeuse, mais vie heureuse et harmonieuse. On est bien en 2022, du côté de la pauvreté, mais certainement pas du malheur. Pourtant la prise de conscience de l’addiction au jeu du berger transforme l’adolescente insouciante en guide moral de son père, se dévouant entièrement à sa « désintoxication ». Le mélodrame pourrait pointer son nez. Mais Dario Albertini maintient une rigueur dans le traitement narratif, la mise en scène, les positions respectives des personnages, qui l’éloignent du sentimentalisme pour proposer le portrait convaincant du passage à la maturité et à la lucidité d’une jeune fille jusque-là innocente. Déjà dans son film précédent, Il Figlio Manuel, sorti en France en 2018, il y avait cette tenue morale et stylistique : il s’agissait alors d’un fils à peine sorti d’un foyer pour adolescents devenant tout à coup responsable de sa mère immature. On pensait même à Truffaut à certains moments. Le schéma est le même, la région aussi (le Latium déshérité) mais la variation n’a rien de répétitif. Et tout est à nouveau surprenant dans ce nouveau film d’un cinéaste dont c’est le deuxième long métrage de fiction après une carrière de photographe et de documentariste. L’un de ses documentaires traitait déjà en 2010 de l’addiction au jeu. Le final, inattendu, habile et inspirant, et dont on ne dira rien ici bien sûr, confirme la confiance avec laquelle désormais on suivra le travail rigoureux de Dario Albertini.

René Marx

Film italien de Dario Albertini (2022), avec Madalina Maria Jekal, Luciano Miele, Enzo Casertano, Paola Lavini. 1h35




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