Critique

Publié le 21 avril, 2023 | par @avscci

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Alma Viva de Cristèle Alves Meira

Les courts métrages de Cristèle Alves Meira, dont le très beau Champ de vipères, annonçaient déjà la tonalité sensible et mystérieuse de ce premier long bouleversant, tourné dans la région d’origine de la réalisatrice, avec un casting en grande partie non professionnel. C’est sa propre fille qui interprète Salomé, la petite héroïne de ce conte singulier, venue passer l’été chez sa grand-mère adorée qui l’initie à ses rituels magiques pour entrer en communication avec les défunts. Mais lorsque la vieille dame meurt subitement, l’enfant se retrouve hantée par son esprit qui la pousse à une vengeance méthodique. 

Malgré son sujet, Alma Viva garde un ton volontairement naturaliste, au milieu duquel brillent quelques éclats de pur réalisme magique. Entre la fratrie qui se dispute autour de la dépouille de sa mère, les voisins qui laissent libre court à leur animosité envers celle qui était soupçonnée d’être une sorcière et la jeune héroïne qui se débat avec sa tristesse, sa culpabilité et ses peurs, on est moins dans une intrigue fantastique que dans un récit d’apprentissage ténu et symbolique. L’enjeu, pour Salomé, peut être lu à double niveau : c’est celui d’une émancipation par rapport aux attentes placées en elle (trouver sa propre voie dans cet héritage légué par la grand-mère) mais aussi, à un nouveau plus allégorique, de la possibilité qui lui est offerte de choisir quel genre de femme elle sera, forcément différente des générations précédentes, et d’une manière qui n’appartiendra qu’à elle. 

Marie-Pauline Mollaret

Film portugais de Cristèle Alves Meira (2022), avec Lua Michel, Ana Padrão, Jacqueline Corado, Catherine Salée, Duarte Pina. 1h28




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