Critique Ali & Ava de Clio Barnard

Publié le 28 février, 2022 | par @avscci

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Ali & Ava de Clio Barnard

C’est une pure histoire d’amour entre une assistante pédagogique dont le fils vient à son tour de devenir père et un propriétaire aux petits soins pour ses locataires désargentés. Avec pour épicentre Bradford, une ville industrielle du Yorkshire qui compense sa misère endémique par la solidarité que manifestent ses habitants pour la plupart issus de l’immigration à l’égard des nouveaux venus, le plus souvent originaires d’autres horizons géographiques. C’est dans ce contexte sociologique pesant que Clio Barnard situe son quatrième film, après en avoir déjà fait le décor du Géant égoïste (2013). Dans la meilleure tradition du cinéma naturaliste britannique, la réalisatrice inscrit ses protagonistes dans un cadre peu glamour qui contraste avec la fraîcheur et l’intensité de leurs sentiments réciproques. L’intelligence du film est de ne pas se focaliser sur l’origine ethnique de ses tourtereaux, en montrant davantage ce qui les rapproche de ce qui les sépare sous le regard pas toujours complice de leur entourage proche. Ses amoureux possèdent leur place assignée au sein de cette société. Alors quand Ava et Ali succombent à leurs sentiments, ils menacent une sorte de statu quo tacite qui implique qu’on évite de se mélanger. Les diverses communautés se côtoient, mais doivent rester chacune à la place que leur a assigné la société. C’est cette absurdité sur laquelle repose cette romance moins innocente qu’il pourrait y paraître de prime abord, à travers la confrontation d’un homme et une femme cabossés par la vie qui n’aspirent qu’à danser et à rire dans les bras l’un de l’autre.

Jean-Philippe Guerand

Film britannique de Clio Barnard (2020), avec Adeel Akhtar, Claire Rushbrook, Shaun Thomas, Ellora Torchia 1h35.




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