Critique Ailleurs de Gints Zilbalodis

Publié le 26 septembre, 2020 | par @avscci

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Ailleurs de Gints Zilbalodis

Rares sont ceux qui s’attendaient au choc provoqué par Ailleurs lors de sa présentation au Festival d’Annecy 2019, d’où il est reparti avec le premier prix de la compétition Contrechamp. Ce premier long métrage d’animation, grand œuvre d’un cinéaste letton de 25 ans, Gints Zilbalodis, qui l’a réalisé quasiment seul, musique comprise, est une quête sensorielle et hypnotique dénuée de dialogues, qui plonge le spectateur dans un monde inconnu hanté par une créature fantomatique et impassible qui se nourrit de la vie des autres.

Le point de départ est d’une simplicité réjouissante : littéralement tombé du ciel, le héros se retrouve dans un lieu dont il ignore tout et qu’il doit explorer afin de trouver un refuge. Mais là où la majorité des fictions proposeraient des rebondissements scénaristiques, une surenchère d’épreuves, et peut-être même des explications, le film se contente de dévider sûrement et efficacement son intrigue dans ce qu’elle a de plus élémentaire : une infatigable traque qui ressemble à un étrange ballet de vie et mort.

Si le réalisateur a en partie été inspiré par l’esthétique du jeu vidéo (paysages esquissés en larges aplats qui se révèlent au fur et à mesure qu’on les traverse, notion de quête à accomplir, “caméra” flottante qui semble épouser le regard du spectateur… et jusqu’à la lancinante musique), il en pousse le concept à son paroxysme, dans une épure narrative qui privilégie le ressenti au sens. Éminemment contemplatif, Ailleurs joue en effet sur la lenteur plus que sur la frénésie, sur l’observation plus que sur l’action, sur l’abstrait plus que sur l’explicite. Le spectateur se retrouve ainsi clairement immergé dans une expérience totale et quasi fantasmagorique qui tient davantage du songe que du récit d’aventures.

Marie-Pauline Mollaret

Away. Film letton d’animation de Gints Zilbalodis (2019). 1h14.




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