Actu dvd – Quatre films angoissants
Devenu le père spirituel du film d’angoisse transalpin, Mario Bava (1914-1980) a tourné plus de trente films, dont certains sont restés des modèles du genre (Le Masque du démon, La Baie sanglante). Et d’autres des séries B souvent oubliées… Le statut de ces Chiens enragés est particulier. Tourné en 1974, le film pour des raisons juridiques ne sera visible qu’en 1998 (en vidéo), des années après la mort de son auteur. Mais il donnera néanmoins lieu à un remake outre-Atlantique. Il n’a d’ailleurs pas pris une ride. Le ton, le thème, les personnages, le filmage ne feraient d’ailleurs pas tache dans l’œuvre de Tarantino. Soit un huis-clos entre braqueurs aux caractères variés et quelques otages ramassés au hasard pour couvrir leur fuite. Le fond n’est pas vraiment neuf. Mais nous sommes dans les années 70, celle du triomphe du spaghetti western et de ses débordements, celles de la violence omniprésente (nous sommes dans les « années de plomb »). Et cela se ressent. Si la cruauté, la violence, le cynisme frôlent par moments la parodie, nous restons quand même dans une tension rare. Que l’épilogue ne relâche pas, au contraire.
Tourné en deux petits mois en 1989 dans un coin reculé de l’Arizona, L’Autoroute de l’enfer ne figure pas parmi les grands classiques du genre. Il n’est d’ailleurs jamais sorti en salle de ce côté-ci de l’Atlantique (Ben Siller n’était pas encore la vedette qu’il est devenu) et n’a guère impressionné le public américain. Le film mérite pourtant que l’on y revienne. Il réjouira non seulement les amateurs du genre, mais aussi tous les geeks qui goutent la franche déconnade. On n’est pas loin de l’état d’esprit du récent Coupez ! de Michel Hazavanicius ou des escapades les plus dingos de Tim Burton, comme Beetlejuice. L’Autoroute de l’enfer est en effet un festival d’effets spéciaux (qui n’étaient pas encore numériques), une accumulation de mauvais goût potache et de trouvailles en trous genres qui crépitent tout au long du film. A déguster avec quelques copains lors d’une soirée arrosée.
Paco Plaza compte parmi les chefs de file de l’école fantastique espagnole avec huit longs métrages en l’espace de deux décennies dont la fameuse trilogie [Rec] (2007-2012) considérée comme une référence par bon nombre d’aficionados. Abuela repose sur un concept très simple : Susana, mannequin de son état, doit retourner à Madrid au chevet de sa grand-mère qui l’a élevée. Sur place, la cohabitation entre les deux femmes vire au cauchemar. Prix du jury au Festival de Gérardmer, le film joue délibérément sur la retenue et la confrontation de deux personnalités hors du commun. Face à Almudena Amor, vue récemment dans El Buen Patrón, le réalisateur a choisi pour camper la vieille dame indigne Vera Valdez qui fut l’une des égéries de Chanel dans les années 50 et a même effectué une apparition en tant que telle dans Le Feu follet (1963) de Louis Malle avant de se lancer dans une nouvelle carrière cinématographique depuis 2016. Ce film d’atmosphère à haute tension est accompagné d’une interview en profondeur de son metteur en scène qui dissipe certaines zones d’ombre de cette brillante invitation au cauchemar.
Sélectionné en 2021 au festival du film de Sitges et cette année à Gérardmer, deux hauts lieux pour tous les amateurs de cinéma fantastique, Post Mortem se déroule dans la Hongrie de 1919 où un photographe s’est fait une spécialité d’immortaliser les morts afin de transmettre un souvenir à leurs familles. Jusqu’au jour où il aboutit dans un village lourdement endeuillé que la rumeur dit hanté par ses défunts. Commence alors une confrontation à armes pour le moins inégales. Péter Bergendy, dont ce n’est que le quatrième long métrage depuis 2004, signe là ce que certains historiens spécialisés considèrent carrément comme le premier film d’horreur de l’histoire du cinéma magyar. De là à y voir la naissance d’une nouvelle école… Seul l’avenir pourra le dire. Cette édition faste d’un film inédit en salle propose en guise de suppléments un entretien avec le réalisateur, des scènes coupées et un module consacré à ses effets visuels.
L’Autoroute de l’enfer Rimini
Les Chiens enragés Sidonis
Abuela Wild Side
Post Mortem Condor