Critique

Publié le 31 janvier, 2024 | par @avscci

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A man de Kei Ishikawa

C’est le quatrième long-métrage de Kei Ishikawa, qui est né en 1977 et a étudié le cinéma loin de chez lui, à Łódź en Pologne, comme Polanski ou Kieslowski. Mais c’est son premier film distribué en France, après une sélection à la Mostra de Venise et surtout une moisson de récompenses aux « Oscar » japonais, succédant à Drive My Car de Hamaguchi. Comme dans Sleep, un très bon film coréen qui sortira le 21 février, A Man est l’histoire d’un doute, d’un soupçon. La question, tout à fait hitchcockienne, est la même dans les deux films : qui est véritablement la personne qui partage votre vie ? L’identité floue d’un conjoint entraîne forcément des formes particulières de récit, une manipulation du temps et des points de vue par les cinéastes qui peuvent entraîner le spectateur dans une véritable fascination. Sans dévoiler quoi que ce soit on peut dire que cette question de l’identité est traitée magistralement par Ishikawa en la reliant à la question de la filiation et à celle de la prétendue « pureté » de telle ou telle « race ». Avec cette triple interrogation, le cinéaste institue un trouble très excitant tout le long de sa narration. Dès le générique il se place sous le patronage du peintre Magritte. Il s’agit du tableau La reproduction interdite : un homme de dos est peint devant un miroir. Son reflet aussi apparaît le dos tourné… Comme très souvent dans le cinéma japonais, ces vacillements de la pensée recoupent une mise en perspective critique des rigidités sociales traditionnelles et toujours en vigueur. Le labyrinthe A Man vaut le voyage.

René Marx

Aru otoko. Film japonais de Kei Ishikawa (2022), avec Satoshi Tsumabuki, Sakura Andō, Masataka Kubota. 2h01.




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